Editorial du numéro 266 - Décembre 2019

16 Déc 2019 Divers

Quand il pleut, il pleut…
même le 1er janvier !

La lente et constante dégradation de la situation de notre pays (qui n’est hélas pas le seul dans ce cas) sur tous les plans : économique, politique, social, moral, religieux, … ainsi que les difficultés croissantes auxquelles est confrontée notre mère la Sainte Église, transforme chaque année la traditionnelle coutume de présentation des vœux en une entreprise de plus en plus périlleuse. Car souhaiter invariablement des jours meilleurs alors que la situation se dégrade continuellement, peut tout au mieux décrédibiliser complètement l’auteur de tels vœux.

« Quand il pleut, il pleut ! » aimait à dire Jean Ousset. Oui, bien sûr, après la pluie le beau temps ! Mais sur le moment, le beau temps n’est qu’un possible dans un futur incertain. Quand il pleut, il pleut… même le 1er janvier ! Ce n’est pas en répétant de façon incantatoire : « Après la maladie, la guérison ! » que le malade ira mieux. Il faut en permanence diagnostiquer son état, suivre la progression du mal et agir en conséquence, à savoir mettre tout en œuvre pour obtenir sa guérison, guérison d’autant plus difficile à obtenir que son état s’aggrave, malgré les soins prodigués jusque-là.

1. Sombre diagnostic

Il est hélas trop vrai que, malgré tous les souhaits que nous avons pu recevoir, au cours de l’année écoulée, la situation ne s’est guère améliorée, tant elle a été riche en déconvenues. Il est impossible d’être exhaustif. Mais donnons tout de même quelques exemples, ne serait-ce que pour établir ce diagnostic dont il vient d’être parlé :

  • sur le plan politique et bioéthique : beaucoup se sont réjouis du succès de la manifestation du 6 octobre dernier contre la PMA, mais n’oublions pas que :

- Albéric Dumont, vice-président de la Manif pour tous a affirmé sur la chaîne TMC[1] qu’il était opposé à la PMA sans père, mais approuvait la PMA réalisée au sein d’un couple stable frappé d’infertilité ;

- Ludovine de la Rochère, présidente du même mouvement, a déclaré sur la chaîne CNEWS (06.10.19) qu’elle n’avait aucune objection au fait qu’un enfant soit élevé par deux pères ou deux mères.

Avec de pareils chefs, nous sommes sûrs de ne jamais arriver à rétablir une véritable société chrétienne, ou même simplement conforme à la loi naturelle !

  • sur le plan religieux : dans son livre Comme un cœur qui écoute la parole vraie d’un évêque sur les abus sexuels, Mgr Ravel, archevêque de Strasbourg affirme :

Il y a aussi à déconstruire sans tarder les formules comme "L’Église est une société parfaite au-dessus des autres sociétés ; donc son droit est au-dessus du droit des autres peuples." (…) Servante de Dieu dans son dessein de Salut, servante du monde dans sa destinée éternelle, l’Église n’est jamais au-dessus des sociétés humaines, mais en dessous pour les servir comme le Seigneur a lavé les pieds de ses Apôtres. 

L’Église, corps mystique du Christ, maîtresse de vérité et de charité, n’est plus une société parfaite ! Elle est en dessous des autres sociétés humaines ! Le pauvre saint Thomas d’Aquin doit s’en retourner dans sa tombe.

Dans les couloirs du Vatican, ce n’est guère mieux. L’année a commencé avec l’incroyable emprisonnement du cardinal Pell, sur lequel le Saint-Siège a réagi par un mutisme assourdissant. Et l’année finit sur un fait incroyable : un texte cautionné par les plus hautes autorités du Vatican soulève une vague de protestations comme il y en eut rarement dans l’histoire de l’Église. Car plusieurs hauts prélats lui attribuent à juste titre de très graves défauts :

cardinal Walter Brandmüller : « Il faut affirmer avec force que l’Instrumentum laboris contredit l’enseignement impérieux de l’Église sur des points essentiels et qu’il doit donc être considéré comme hérétique. Dans la mesure où le fait de la révélation divine y est remis en question, ou mal compris, il faut également parler d’apostasie. »

cardinal Raymond Burke : « Le document est une apostasie. Il ne peut pas devenir l’enseignement de l’Église. »

cardinal Gerhard Müller : « La structure du texte affiche un revirement radical dans l’herméneutique de la théologie catholique. » Le cardinal juge certaines phrases « totalement aberrantes » et reproche au texte de « présenter une approche ambiguë avec une religiosité vague, dans une tentative futile de faire du christianisme une science du salut en sacralisant le cosmos et la nature et l’écologie de la biodiversité. »

2. Chérir les causes…

Malheureusement si les critiques sont plutôt virulentes, aucune ne remonte à la source du mal, occasion manquée de parler de l’herméneutique de la continuité. Car s’il existe une herméneutique de la continuité, c’est celle qui va de Vatican II à l’Instrumentum laboris en passant par le Novus Ordo Missae, Assise, Laudato si et bien d’autres actes du Saint-Siège, comme le fait de ne jamais condamner, par une miséricorde mal comprise, la moindre nouveauté, déviation ou erreur alors qu’il condamne avec la plus grande sévérité la moindre manifestation d’attachement à la Tradition !

Où que l’on pose le regard, on ne voit, dans le meilleur des cas (!), que reculades, faux-fuyants, demi-mensonges, contre-vérités, … Dans ces conditions qui croirait à une brusque amélioration de la situation ? Un humoriste disait : « Chaque année, vous m’avez souhaité, avec une constance qui vous honore, de devenir un peu plus riche. Mais j’ai le regret de vous dire que, jusqu’à présent, cela n’a pas marché. Aussi, cette année, plutôt que de m’envoyer vos vœux, je préférerais que vous m’envoyiez de l’argent directement ! ».

Sous la boutade, il y a une profonde vérité. En effet, est-ce vraiment de souhaits dont nous avons besoin ? Nous ne sommes pas maîtres de l’avenir, ou si peu. Ce qu’il nous faut, ce n’est pas imaginer ce que nous pourrions ou aimerions avoir, mais savoir où nous devons aller et comment trouver les moyens de faire face à la situation actuelle. Voilà qui est bien plus utile.

3. Joie dans les tribulations

Aussi nous ne vous souhaitons pas une année meilleure que celle qui vient de s’écouler ; nous vous souhaitons la joie en toutes circonstances : « Je jubile de joie dans mes tribulations », disait saint Paul. Bien sûr, on peut trouver de la joie ailleurs que dans les tribulations ! Mais il peut y en avoir aussi dans les tribulations. Et à l’heure actuelle, il est probablement plus utile de savoir trouver la joie dans les tribulations que dans les moments heureux tant les premières semblent s’être taillé la part du lion. Alors abordons avec joie, cette nouvelle année.

Malgré l’appréciation de l’humoriste précité, nous vous souhaitons aussi de devenir plus riche, non pas de la richesse de ce monde qui est totalement incapable d’améliorer la situation actuelle, mais de la richesse du Christ, c’est-à-dire non seulement la douceur et l’humilité de son Cœur, mais aussi la force et la détermination avec laquelle Il a chassé les voleurs du temple.

Nous vous souhaitons de garder la Foi dans l’Église, car « les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle » et « à la fin, le Cœur Immaculé de Marie triomphera ».

Depuis le calvaire, Dieu a permis que l’histoire de l’Église ne soit qu’un immense drame. Les périodes sans schisme ou sans hérésie sont rares. Et pourtant le Saint-Esprit a continué à œuvrer suscitant toujours des saints quelles que soient les époques. Même avant la naissance du Christ, l’histoire du peuple juif n’est qu’une longue série de reniements, de rebellions, d’apostasies, …

Si nous connaissions mieux l’histoire de l’Église, nous ne douterions plus de la prédilection de Dieu pour ce genre d’épreuve. C’est manquer d’un juste sens du divin que d’ignorer ce que, dans les annales chrétiennes, Dieu a si manifestement laissé surabonder. Se serait-il trompé ? Croyons-nous qu’en suivant Celui qui a dit : « Je ne suis pas venu amener la paix, mais le glaive. » nous ne trouverons que justice, paix, prospérité… ? Soyons sérieux ! Notre Église n’est-elle pas l’Église militante ? La France et l’Église sont dans les tribulations, et alors ? Pourquoi voudrions-nous être exemptés de ce que Notre Seigneur a supporté, si nous souhaitons tant que cela être de ses disciples ?

Nous vous souhaitons ensuite de vivre dans l’Espérance de faire votre salut éternel quelles que soient les conditions de vie que nous réserve l’avenir, ce d’autant plus que tout ce qui nous arrive a été annoncé : Fatima, le Padre Pio, Léon XIII, La Salette, Quito, … combien de fois faudra-t-il que le Ciel nous avertisse pour que nous ouvrions les yeux sur la réalité de ce que nous vivons ?[2]

Et nous vous souhaitons, par cette Espérance, de rester fidèle, envers et contre tout. Ne soyons pas comme ceux qui ont abandonné Notre Seigneur au pied de la croix. En effet, tout ce qui est vrai pour le Christ l’est aussi pour son corps mystique qu’est l’Église. Il semble que nous revivions le drame de la Passion : le sanhédrin a condamné Jésus ; ces disciples l’ont abandonné. Rien n’a changé sous le soleil. Le "gratin" de l’Église semble tourner complètement le dos à l’enseignement de notre Sauveur et ceux qui réagissent se contentent de demi-mesures. Faut-il pour cela désespérer ?

Non ! Suivons les pas, d’abord ceux de Véronique et du Cyrénéen, lorsque le Christ était épuisé et méconnaissable, mais encore vivant, puis, si l’avenir nous le demande, ceux de Marie, Jean et les saintes femmes, lorsque Notre Seigneur alla jusqu’à rendre l’esprit. Car après la crucifixion, vient la Résurrection !

Nous vous souhaitons enfin d’agir toujours avec une grande Charité, mais une charité bien comprise, qui ne cache pas son mal au pécheur. Il n’y a de Charité que dans la Vérité.

Bref, nous vous souhaitons, non pas forcément une année où tout ira de mieux en mieux, mais d’avoir le courage d’affronter le mauvais temps qui s’annonce, de tenir le cap coûte que coûte. Les marins le savent bien : par gros temps, on réduit la toile, mais le navire continue à avancer. La bataille fait rage ? Oui : elle gagne même en vigueur ! Allez-vous attendre en disant : « Toute bataille a une fin. Ce n’est qu’un orage. Après la pluie, le beau temps ! » Allons ; un peu de courage tout de même ! L’Église a toujours été au milieu des tribulations. Celles que nous vivons sont sans commune mesure avec les précédentes ? Sans aller jusqu’à nous en réjouir, reconnaissons au moins qu’ainsi nous ne risquons pas de tomber dans la monotonie ! Soyez… soyons de ceux que la difficulté stimule !

« Dum spiro, spero », dit la devise de la famille Lahitte. (« Tant que je respire, j’espère. ») Qu’elle soit notre devise pour l’année à venir… et toutes les suivantes ! Riches de ces vrais biens impérissables, l’AFS ose vous souhaiter :

Sainte année 2020 !

Qu’elle vous trouve toujours fidèles, faisant chaque jour un peu plus vôtres les vertus théologales, ardents à défendre, quoi qu’il en coûte, les droits du Christ-Roi, afin de recueillir, lorsque Dieu le décidera, la couronne de gloire des élus !

Yves de Lassus

[1] émission Balance ton post du 28.09.2019

[2] Pour ceux qui souhaiteraient quelques rappels sur ces révélations, nous leur recommandons la lecture des lettres de liaison de Cap Fatima relatives à Padre Pio (n° 82), Léon XIII (n° 83),  La Salette (n° 88-91) et Quito (n° 98-99). https://www.fatima100.fr/

Nos abonnements

Abonnement ordinaire

Édition papier. Recevez la revue par voie postale au format papier.

1 an (6 numéros)
55 €

Abonnement Internet

Édition numérique. Téléchargez la revue au format PDF.

1 an (6 numéros)
30 €

Abonnement Complet

Édition numérique et édition papier.

1 an (6 numéros)
65 €

Abonnement ordinaire 2 ans

Édition papier. Recevez la revue par voie postale au format papier pendant deux ans.

2 ans (12 numéros)
100 €

Abonnement Internet 2 ans

Édition numérique. Téléchargez la revue au format PDF pendant deux ans.

2 ans (12 numéros)
60 €

Abonnement Complet 2 ans

Édition numérique et édition papier pendant deux ans.

2 ans (12 numéros)
130 €

S'inscrire

À notre lettre